La France est épuisée par la pandémie de Covid-19 et s’inquiète de la guerre en Ukraine. Dans ce contexte, les élections présidentielles de dimanche (10) sont présentées comme « incertaines » et « à haut risque », écrit l’hebdomadaire L’Obs dans sa Une. Les électeurs rejoindront-ils le « jeu démocratique » ou vont-ils « s’abstenir en masse », demande la publication française. L’affaire est également analysée par L’Express, qui tente de comprendre les raisons qui motivent les abstentions.
La France est épuisée par la pandémie de Covid-19 et s’inquiète de la guerre en Ukraine. A cet égard, l’élection présidentielle de ce dimanche (10) est présentée comme « incertaine » et « à haut risque », écrit l’hebdomadaire. L’Obs, dans sa couverture. Les électeurs rejoindront-ils le « jeu démocratique » ou vont-ils « s’abstenir en masse », demande la publication française. Le dossier est également analysé par L’Expressqui essaie de comprendre les raisons qui motivent l’abstinence.
La chaîne de télévision française TF1 entend mettre fin à la couverture électorale plus tôt que les autres années, souligne le texte de la L’Obscitant que les instituts de recherche estiment un taux d’abstinence d’environ 29% au premier tour, mais pour les jeunes, cela peut atteindre 43%.
UNE L’Obs explique que l’une des causes du désintérêt électoral est « une méfiance croissante » concernant la classe politique, la pandémie qui a éloigné les gens de la vie publique et le sens d’une élection déjà décidée », expliquée par la croissance démographique et les inscriptions en ligne, selon le rapport.
Le pouvoir du populisme d’extrême droite
au magazine analyse également la croissance de l’extrême droite en France. « La France serait-elle épargnée après Trump aux États-Unis, après le Brexit et la réélection de Viktor Orbán en Hongrie ? demande à L’Obs†
L’une des raisons des actions de l’extrême droite, explique le texte, « c’est la croissance de sa sphère d’influence », avec plus d’espace dans les médias et deux candidats à la présidentielle : Marine Le Pen et Eric Zemmour, qui représentent ensemble 30% des souhaits.
« Marine Le Pen est devenue la porte-parole quasi hégémonique des Français qui réclament une protection contre la mondialisation, qu’elle soit économique, culturelle ou politique », a déclaré le politologue Pascal Perrineau, cité par L’Obs†
Le magazine mentionne également que les deux partis français traditionnels, le PS (Parti socialiste), de gauche, et les LR (Les Républicains), à droite, qui ont longtemps façonné la politique française, se battent désormais pour leur survie. En même temps, la gauche radicale est « bien implantée » sur la scène politique nationale, dit le texte, sans le candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, réussit cependant à rassembler tous les électeurs de gauche. « Il y a une énorme fatigue du système des partis qui vaut aussi pour le LREM », le parti d’Emmanuel Macron, selon l’aveu des propres partisans du président, qui s’étaient illustrés en 2017 justement en profitant de la débâcle partisane.
Le paradoxe des abstentions
Le mécontentement de la population française face aux élections présidentielles est également l’un des principaux sujets du magazine. L’Express qui sort en kiosque. « A deux mille kilomètres de l’Ukraine, où la population se bat pour sa liberté, certains Français n’entendent pas exercer l’un de leurs droits fondamentaux : celui de voter », compare le rapport.
Le magazine a interrogé plusieurs électeurs qui n’ont pas l’intention de se rendre aux urnes. C’est le cas de Sarah, qui travaille dans une boulangerie. « Je ne vois pas l’intérêt de voter », dit-elle. « Quand je dis ça, je me sens jugé par tout le monde », ajoute le jeune homme de 26 ans, qui a déjà acheté un billet pour voyager dimanche et n’a même pas pensé à laisser une procuration.
Dans toute élection, « le taux d’abstention peut servir de thermomètre de la santé de la démocratie française », note : L’Express† Et la croissance apparaît « comme les symptômes d’un pays malade », analyse le rapport. Cependant, tout ne s’explique pas par l’aversion pour la politique.
« Je n’ai pas le temps de voter »
« Quand on interroge les abstentionnistes, un quart d’entre eux ne sont pas mécontents », constate Pierre Bréchon, professeur émérite de science politique à l’Institut d’études politiques de Grenoble. « L’abstinence est purement individualiste, ils ne se soucient pas de voter ou ils ont mieux à faire ce jour-là », dit-il.
« Je n’ai pas le temps d’y aller », lâche Léo, technicien de laboratoire de 23 ans inscrit à Limoges. « C’est épuisant, et comme j’ai déménagé après m’être inscrit, je n’ai pas envie de traverser la ville pour aller voter », a déclaré Thomas, 30 ans, un habitant de la capitale. « C’est une perte de temps », dit-il.
Pour Pierre Bréchon « c’est un symbole de l’individualisation de notre société ». Cependant, cela ne signifie pas que les abstentions sont indifférentes aux autres. « Ils n’utilisent tout simplement pas les élections pour exprimer leur sentiment d’appartenance », conclut le politologue.