Dans le verre qui sépare les deux tables, il y a un trou par lequel passe une cigarette. Cette cigarette fait référence à une scène du film « Un Chant d’Amour », que l’écrivain Jean Genet a tourné en 1950, mais qui n’est sorti qu’en 1975 en raison de son contenu sexuel explicite, dont l’installation de Laura Lamiel tire le titre. † A travers l’intrigue de prisonniers essayant de trouver des moyens de communiquer entre eux, chacun isolé dans sa cellule, ce film est une ode au désir, au manque et à l’amour, à travers la stylisation des gestes et attitudes de chacun de ces prisonniers : embrasser un mur , dansant d’une main sur le sexe et de l’autre sur le tatouage d’une femme sur le bras ou trouvant un trou dans le mur et y passant une paille, à travers laquelle la fumée d’une cigarette atteint l’autre côté.
« Cette pièce est aussi une question de communication. Cela passe par un trou dans le mur et par le coup », explique Laura Lamiel. « J’ai trouvé que c’était un geste très poétique, très fort. Pour Jean Genet, la question était politique, elle s’est toujours posée. Mais pour moi, ce n’était pas le cas. »
On sort du bâtiment par une porte au bout du couloir et dans une petite maison logistique construite alors que le monastère était déjà cédé à la GNR, on trouve ce qui ressemble à un bar de rue, dans un pays tropical. A l’intérieur se trouvent deux tables recouvertes de nappes claires – madras, des Caraïbes mais aussi d’Inde -, flanquées de chaises. À droite se trouve un comptoir en métal avec quatre bouteilles dessus, toutes pleines de couleurs : une jaune, une bleue, une verte et une orange. Du goulot d’étranglement sort un morceau de tissu madra, tout aussi flamboyant, momentanément prêt à être enflammé et transformé en cocktail Molotov. Plusieurs tableaux sont accrochés aux murs, certains plus abstraits, d’autres plus figuratifs. naïve, dans un papillon qui fait référence aux Caraïbes. A gauche, une photo.