Le ministère français des Affaires étrangères a publié une note précisant que l’adhésion du Brésil à l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) dépendra de progrès sérieux, concrets et mesurables dans la lutte contre la déforestation et le changement climatique.
Le communiqué s’étend aux cinq autres pays candidats (Argentine, Bulgarie, Croatie, Pérou et Roumanie), mais il sert d’avertissement indirect au Brésil, dont les politiques environnementales ont été critiquées à plusieurs reprises par le gouvernement d’Emmanuel Macron.
La France est l’un des 38 pays qui font partie du groupe et doit parvenir à un consensus pour confirmer l’adhésion de l’entité.
La note a été publiée mercredi dernier (26), un jour après que le conseil de l’OCDE a donné son feu vert au début des négociations d’adhésion au Brésil.
Selon le ministère français, l’ouverture des pourparlers est la première étape du processus d’adhésion et l’issue dépendra des réformes mises en œuvre par les États pour converger vers les valeurs, normes et standards de l’entité.
Au cours de ce processus, la France sera très vigilante afin de faire progresser sérieusement, concrètement et mesurable tous les candidats en pratique dans plusieurs domaines prioritaires, notamment dans la lutte contre la déforestation et le changement climatique, dans la protection de la biodiversité, dans les mesures contre la corruption. ou l’ouverture des économies », lit-on dans le texte.
Le ministère de l’Economie et de l’Itamaraty, sollicité pour commentaires, n’a pas répondu jusqu’à la publication de ce rapport.
La note du gouvernement français ajoute un nouvel épisode au différend ouvert entre les gouvernements Bolsonaro et Macron, qui traîne en longueur depuis 2019.
La France est l’un des principaux responsables du blocage de l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur. Selon le président français, l’opposition est principalement due à la protection du climat et de la biodiversité.
« La France est contre l’accord avec le Mercosur tel qu’il se négocie aujourd’hui, et nous serons très clairs là-dessus. Non pas parce que nous ne sommes pas à l’aise avec nos amis du Mercosur, mais parce que par définition cet accord, tel qu’il a été pensé et conçu, ne peut pas compatibles avec notre programme climat et biodiversité », a-t-il déclaré lors du Congrès mondial de la nature en septembre.
Mais l’attitude écologiste de Macron s’explique aussi par ses ambitions électorales. De nouvelles élections présidentielles auront lieu en France en avril de cette année et le président actuel a beaucoup à gagner s’il prend pied dans l’électorat écologiste – une audience de plus en plus forte en Europe occidentale.
De plus, en s’opposant à l’accord du Mercosur, Macron plaît également au secteur agricole français, qui, bien que relativement petit dans l’économie, est politiquement actif et fortement opposé à la promotion de l’accord.
La demande de garanties environnementales pour rejoindre le club des pays riches ne vient pas seulement de la France. Mardi (25), l’OCDE elle-même a inclus des engagements de réduction de la déforestation et des mesures d’atténuation du changement climatique dans les documents officialisant le début des négociations.
Un jour plus tard, le président Jair Bolsonaro (PL) a souligné les engagements environnementaux du Brésil dans l’Accord de Paris et lors de la COP26, la conférence des Nations Unies sur le climat.
Dans une lettre adressée à Mathias Cormann, secrétaire général de l’OCDE, le président a tenté de prendre ses distances avec l’image d’un dirigeant peu engagé sur l’agenda climatique. « Nous avons constamment démontré notre engagement envers les objectifs de l’Accord de Paris, en particulier sur l’environnement », a-t-il écrit.
Voir la note complète publiée par le ministère français des Affaires étrangères :
« Le Conseil de l’OCDE a décidé aujourd’hui d’ouvrir des pourparlers d’adhésion avec l’Argentine, le Brésil, la Bulgarie, la Croatie, le Pérou et la Roumanie. L’ouverture de ces pourparlers est la première étape d’un processus d’adhésion rigoureux, dont l’issue dépendra des réformes proposées par le pays candidats à converger vers les valeurs, normes et standards de l’OCDE.
A la demande de la France et de ses partenaires, le Secrétaire général de l’OCDE a adressé une lettre aux pays candidats pour s’engager à respecter les valeurs et les priorités énoncées dans la Déclaration de vision du 60e anniversaire de l’OCDE et la politique conclusions du Conseil des ministres de l’OCDE, adoptées l’année dernière.
Au cours de ce processus, la France sera très vigilante afin d’obtenir des avancées sérieuses, concrètes et mesurables sur le terrain de tous les candidats dans plusieurs domaines prioritaires, notamment dans la lutte contre la déforestation et le changement climatique, dans la protection de la biodiversité, dans les mesures contre corruption ou dans l’ouverture des économies.
Au terme de ce processus d’évaluation et de convergence, le Conseil de l’OCDE, à l’unanimité des États membres, devra se prononcer sur l’adhésion de chaque pays candidat. »