Paris, 6 avril 2022 (AFP) – Près de 50 millions de Français se sont inscrits pour voter dimanche prochain (10) pour élire le président du pays, avec l’actuel chef de l’Etat Emmanuel Macron et la candidate d’extrême droite Marine Le Pen comme favoris, après une campagne atypique marquée par la guerre en Ukraine.
Sur les 10 candidats restants, le gauchiste Jean-Luc Mélenchon est le seul à se présenter dans les sondages avec une chance d’éviter le second tour entre Macron et Le Pen le 24 avril.
Le Pen et Macron sont déjà entrés au second tour en 2017, lorsque le centriste l’a emporté avec 66,1 % des voix. Mais désormais, l’avance est de 3 à 8 points selon les sondages.
Même si le scénario semble se répéter cinq ans plus tard, le pays n’est plus le même. Une pandémie a piégé des millions de personnes dans le monde et la guerre a de nouveau frappé l’Europe, avec l’invasion russe de l’Ukraine.
Un récent éditorial de Ouest-France, le journal régional le plus vendu du pays, cite la guerre en Ukraine, la lutte contre le changement climatique et « la préservation de l’unité des Français » comme les principaux défis du prochain chef de l’Etat.
Les élections économiques et nucléaires seront surveillées de près dans d’autres pays, surtout si Le Pen réussit ce qui était autrefois considéré comme impossible par certains : amener l’extrême droite au pouvoir. Cela pourrait être un autre revers pour l’Union européenne (UE).
– « Danger extrémiste » – Le conflit en Europe de l’Est a dopé la candidature de Macro, mais l’image du favori dans les sondages a été ébranlée en fin de campagne par une polémique sur le recours massif du gouvernement aux cabinets de conseil.
La polémique a entraîné le retour de l’image de « président des riches », qui avait déjà influencé le gouvernement lors du mouvement des « gilets jaunes », des protestations qui ont secoué la première moitié de son mandat avec des critiques de la politique gouvernementale sur les classes populaires.
Macron, qui a reporté le début de la campagne à la dernière minute, a décidé de ne pas participer aux débats avant le premier tour. Ses rivales, comme la droite Valérie Pécresse, lui reprochent la « fuite scandaleuse ».
Le candidat du parti A República Em Marcha (LREM) a misé sur de grandes conférences de presse ou des entretiens avec des citoyens pour dénoncer son programme, qui reprend l’élan réformiste interrompu par la pandémie. La mesure la plus importante : reporter l’âge de la retraite à 65 ans.
Au milieu des craintes d’un taux d’abstinence élevé, qui selon Ipsos/SopraSteria atteindra 30% dimanche, Macron a appelé les électeurs à une « mobilisation générale » pour éviter le « danger extrémiste ».
– « Le pouvoir de l’argent » – La candidate à la présidentielle a également multiplié les attaques contre Le Pen pour sa prétendue « plainte » contre le président russe Vladimir Poutine, que la candidate a rencontré en 2017. Son parti verse également un prêt millionnaire aux créanciers russes.
Pour autant, l’invasion russe de l’Ukraine n’a pas altéré l’image de la candidate du Réunionn national (RN), qui s’est présentée comme une défenseure du pouvoir d’achat et a laissé au second plan ses propositions controversées sur la migration.
Les thèmes d’extrême droite ont dominé le débat fin 2021, mais ont été balayés lorsque les crises ont rythmé la campagne : de la pandémie à la guerre, en passant par les émeutes en Corse ou la hausse des prix de l’énergie.
« Entre Macron et nous, il faut choisir entre le pouvoir de l’argent qui profite à quelques-uns et le pouvoir d’achat qui profite à tous », a résumé Le Pen pour tenter de transformer le débat en un duel inévitable.
L’apparition d’un candidat rival de Le Pen, celui de l’extrémiste Éric Zemmour, a contribué à tempérer l’image du candidat RN. Contrairement à 2017, elle a atténué le discours, bien que son émission maintienne les idées traditionnelles d’extrême droite.
– « Au bout des doigts » – La grande surprise du premier tour sera peut-être Mélenchon, qui se présente comme le candidat du vote « utile » dans une gauche divisée.
« Nous sentons que notre destin est proche », a-t-il déclaré lors d’un rassemblement mardi.
Pour y parvenir, il doit devancer Macron et Le Pen, qui enregistrent plus de 20 % des intentions de vote.
La gauche apparaît avec 15%, suivie de Zemmour (9%), Pécresse (8%) et l’écologiste Yannick Jadot (5%). Sous cette barrière, nécessaire pour garantir le financement de la campagne, se trouvent le communiste Fabien Roussel (2,5%), la socialiste Anne Hidalgo (2%) et les autres candidats.
Si les sondages confirment les sondages, le résultat aggravera la chute des partis traditionnels — le Parti socialiste de l’ex-président François Hollande (2012-2017) et le parti Les Républicains (droite traditionnelle) de Nicolas Sarkozy (2007-2012) — et la recomposition a commencé en 2017 avec l’entrée en scène du centriste Macron.
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